🚨COMMUNIQUÉ FIN DE ROUTE DU RHUM POUR LE TRIMARAN INTERACTION 🚨

Dans la nuit de samedi à dimanche, vers 2h du matin, à 50 degrés d’un vent de 25kts, l’étai de trinquette lâche. Le trimaran était réglé à 2 ris / trinquette, safe pour la nuit à venir qui annonçait des pointes à 25kts max.

Dans l’après-midi, j’ai pu échanger par VHF avec Fabrice Payen. Il m’a rattrapé puis dépassé à 500m à mon vent. Un peu plus tard, je repassais devant lui…

J’affale la trinquette et décide de dérouler 20% du solent, pour caler le bateau, le temps de gréer l‘ORC, pour remplacer la trinquette.

En 10 secondes, soudainement, le solent s’arrache, se déralingue sur toute sa hauteur. La voile se met en drapeau en tête de mât, à l’horizontale. Elle va frapper tout sur son passage, risquant de me fouetter et de me blesser au passage. Elle s’enroule dans les bastaques, ses écoutes fouettent tout, les haubans et bas-haubans, les antennes, et se prennent même dans le safran et l‘hydrogénérateur.

En plus de cela, le moteur s’étouffe et ne tient plus ce qui fait que je ne peux plus charger les batteries. Je passe 2h au téléphone avec le mécanicien : purge du circuit, filtres, décanteur, ouvrir les vis d‘injecteurs, pompe de gasoil…. Rien n’y a fait, le moteur ne redémarra plus jamais.

Je perds alors toute énergie. Plus de pilote, plus d’électronique, plus d’AIS (qui permet d’être repéré et de voir les bateaux autour), et plus de feux de nav la nuit (donc invisible aux bateaux environnants n’ayant pas leur radar)…

J’installe alors le déflecteur de radar de secours à l’extérieur du cockpit.

Le vent montre à 30kts.

À 21h je décide de dormir, et en relation avec le comité de course, je décide de prendre des forces pour ramener le trimaran vers l’Espagne.

Le lendemain 9h30, départ avec 3 ris dans la GV et l’ORC (voile de tempête) à l’avant. Je prépare mon GPS à piles de secours pour viser le port de Vigo, et un seau à mes pieds avec de quoi tenir 12 h sans lâcher la barre.

La mer se forme, 4 à 5 mètres de vagues, le vent monte à 40kts.

13h plus tard, rincé et mouillé par une pluie très désagréable qui fouette, la visibilité est très mauvaise. J’arrive pas loin de Vigo à moins de 10milles de l’entrée de la baie. J’attends l’assistance MRCC locale que mon équipe a contacté.

Ce n’est que 4h plus tard que le bateau des Secours me retrouve grâce à une flash lite installée dans la GV.

Le vent monte à 50kts et les creux sont énormes. À plusieurs reprises, les secouristes sont en danger pour leur vie, roulés dans les vagues, fouettés par une pluie très violente. Plusieurs échecs de remorquages se succèdent. Le bateau de sauvetage me perd de vue de nouveau. Les minutes passent, les heures… et le trimaran dérive à 3kts vers les rochers. À 4h15, les 2 amarres de remorquage qui avaient réussi 30 minutes auparavant, rompent sous la charge. 2 winches sont arrachés… le MRCC espagnol donne l’ordre au canot de sauvetage de me laisser et de penser à leur propre sécurité. Le trimaran entraînait le bateau de sauvetage qui n’arrivait pas à étaler le remorquage. J’aperçois les rochers se rapprocher, le canot s’éloigner et alors le trimaran percute sur bâbord un plateau rocheux… puis la coque centrale a son tour… Des vagues entières submergent alors tout le bateau. Je suis en danger de me faire emporter par une vague ou d’être blessé par une casse matérielle du bateau. L’eau monte dans la coque centrale. Une petite lueur dans le ciel alors apparaît, celle de l’hélicoptère puma de la base de sécurité maritime de la Corogne. Il arrive, m’illumine, et le survole à l’avant bâbord. À 4h45 Je prend un mini sac, mon passeport et attrape le filin du sauveteur et m’emporte avec lui dans l’hélicoptère. Il y a alors 60 noeuds de vent .

À suivre…

Je remercie l’exceptionnelle humanité de l’équipage de l’hélicoptère Puma, le bateau sauveteur des garde-côtes qui a tout tenté pendant des heures de lutte à mes côtés, le comité de course de la route du rhum pour sa disponibilité et son soutien indéfectible, mon équipe qui a tout tenté d’organiser à terre, aucun pêcheur et autre bateau n’était autorisé à sortir en vue des conditions météo et en pleine nuit.

Rejoint par Pierre Jan et Fabien Labrosse sur place, nous mettons tout en œuvre pour organiser une opération de sauvetage du trimaran qui s’avère difficile, la fenêtre météo de marée étant très petite pour pouvoir retirer le bateau.

Merci à Jean-Paul B. , toute l’équipe d’Interaction Intérim et d’@entrepreneur pour la planète.

Merci aussi à tous pour vos nombreux messages de soutien 🙏

On espère pouvoir vous donner des bonnes nouvelles prochainement

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